Le texte de l'épisode
Avez-vous déjà vu ma photo Vengeance ? Contrôler était ma priorité. La science et la rationalité étaient en cela mes meilleurs alliés.
L’effet corona fut utilisé pour illustrer mon sentiment. Lorsqu’une tension de 100 000 volts arrive par cette tige, elle cherche le moyen le plus facile d’en ressortir : cela sera par la pointe, les arêtes vives et toutes les petites bavures de métal. Lorsqu’une forte tension se concentre en un petit point de l’espace, l’air se transforme en un plasma violet.
Mais si les sciences dures sont efficaces pour décrire une matière qui n’a pas d’humeur, elles sont impuissantes face au mystère de notre conscience. Peuvent-elles prouver le contenu de nos rêves ? Ou l’amour que nous portons à nos proches ? Ma vie a complètement changé depuis l’abandon de mon scientisme.
Dès lors, de nouveaux symboles s’imposent à moi. Et j’ai taillé le métal avec un abrasif pour que le contour soit parfaitement tranchant, ceci afin de faciliter la création d’arc électrique.
Le générateur de tension du Palais de la découverte va le charger à 350 000 volts. Je vais donc mettre mon appareil à longue distance pour éviter qu’il ne reçoive une décharge. Heureusement, le courant est infime empêchant tout risque létal. Une canne en fibre de carbone va me permettre de réduire la distance entre les pôles pour créer de grandes étincelles.
Dans un premier temps, ce n’est rien d’autre qu’un bout de métal. Mais en se plongeant dans l’obscurité, ce grand potentiel électrique, cette attraction du plus par le moins, se visualise par de subtiles aigrettes. Et soudain, c’est le coup de foudre. Car en acceptant de réduire sa distance à autrui, le courant passe ! Et quelle lumière ! Que dis-je, quelle chaleur !
Et alors ?
C’est comme si abandonner notre quête de certitude nous ouvrait à la transcendance. Le devoir du scientifique n’est-il pas d’assumer toutes formes de questionnement ? Tout comme le fut Pascal, il est naturel d’être à la fois scientifique, philosophe, mystique et humaniste. On peut alors comprendre que ce qui relie et sous tend chaque chose, ce n’est ni la science, ni la technologie, mais bien l’amour.